Angervilliers Citoyens
ATSEM : Un nouveau témoignage

Ce témoignage est la restitution du courriel envoyé par Stéphanie. On y trouve tout ce qui peut créer l’espoir (les enfants, la solidarité quand elle existe) mais aussi et surtout, tout ce qui fait la complexité et la difficulté de la tâche assignée aux ATSEM : un accroissement des tâches qui ne va pas de paire avec une reconnaissance qu’elle soit salariale ou autre. Nous touchons aussi du doigt la solitude de la professionnelle prise dans le tourbillon des tâches à accomplir, tiraillée entre son amour du métier et la réalité de la vie et de son coût.

Comme dans d’autres témoignages que nous publierons ultérieurement, un autre sujet, celui des maladies professionnelles s’invite insidieusement…

Ce témoignage est à lire et beaucoup de professionnelles se reconnaîtront sans doute dans ce parcours

Un bref récit de mon parcours pro

Je suis titulaire d’un Brevet d’état d’éducateur sportif et maman de 3 enfants. J’ai donc pu passer le concours Atsem que j’ai obtenu. Je suis dans la même cdc depuis 2008.

J’ai commencé par travailler uniquement sur les temps périscolaires (matin-midi-soir ), donc en « coupé ».
Puis, j’ai fait du centre pour les ados (3 semaines en juillet)

Puis sont arrivés les TAP, les agents ont été sollicité. J’ai très franchement eu l’impression d’être « sous payée  » par rapport à mon savoir faire. Les intervenants extérieurs étant payés minimum 15€ de l’heure.

J’ai obtenu un poste ATSEM en 2016.

Nous avons formé avec mon « PE » un super binôme pendant un peu plus de 5 ans. On était raccord sur énormément de choses, une façon de travailler complémentaire. Puis un jour, baisse des effectifs, regroupement de 2 écoles (dans celle où j’étais), je vous passe tous les détails (travaux, bruits, poussières, odeurs de peinture, sanitaires réduits, coupure d’eau, plus d’eau à hauteur d’adultes …).

Conséquences : équipe plus grande ( de 3 enseignants et 3 ATSEM nous passons à 5 enseignants et 5 Atsems et une 6ème volante)

Parmi ces 5 classes un dispositif passerelle et dans ce joyeux bazar il y a eu le COVID ( désinfection +++, pas de panachage entre les classes, respect des distances, masques …)

Travaux pas finis à la rentrée : bureaux des ATSEM dans les sanitaires des enfants.

Je n’aurais jamais imaginé vivre une année comme celle-ci. L’enseignante était toujours sur mon dos, venait voir dans la classe ce qu’il faisait, faisait de petites remarques, venait au levé de sieste, jusqu’au repas du midi ( je faisais le service cantine). Bref, tout le temps arrivée dans notre classe sur notre dos. Jusqu’à la réflexion de trop : « ATSEM en carton »

J’arrivais à l’école avec la boule au ventre en me demandant ce qui allait se passer, je dormais très mal. J’ai fini par être en arrêt maladie. Je n’ai pas fini l’année scolaire dans l’école car impossible pour moi d’y retourner.

J’ai fini l’année scolaire dans une autre école, il a fallu que je m’adapte à cette nouvelle équipe pour 3 mois car j’ai rechangé en septembre.

Depuis 3 ans, je suis dans une petite école de campagne (3 classes, une classe de maternelle unique à 4 niveaux). Très bien accueillie, je me suis adaptée à cette nouvelle équipe. Mais l’année d’après changement d’équipe totale. Il a encore fallu que je me réadapte .

Notre métier à énormément évolué.

Je change des couches car les enfants arrivent incontinents. J’ai parfois les mains pleines de peinture quand un enfant a fait dans la couche.

J’ai l’impression de faire le travail des parents, toutes les 30 minutes je les passe aux toilettes.
Un sentiment d’être à la fois en crèche et à l’école
On accueille de plus en plus d’enfants avec des TDAH.
J’anime des ateliers pédagogiques.
Je prépare les ateliers pédagogiques.
Je remet en état la classe dès que je le peux.
Je participe 2 fois la semaine à la motricité.
Je soigne les enfants.
Je gère la trousse à pharmacie.
J’ai un objectif tous les ans suite à l’entretien ( cette année je suis responsable « ecolo »).

Je gère les stagiaires quand il y en a.
Et oui toujours plus ..
.

J’ai une amplitude horaire de 9h par jour.

Je travaille 4 jours à chaque petites vacances, 5 jours en juillet 4 jours en août plus la pré rentrée qui n’est pas payée ( récupération du lundi de pentecôte).

Il faut que l’on s’adapte, s’organise, soit disponible, soit polyvalente sans oublier le bruit, les postures , les gestes répétitifs (découpage, plastifiée, triée …)

Notre évolution de carrière est courte, compte tenu de toutes les responsabilités que nous avons, nous devrions être en catégorie B. Les auxiliaires de puériculture viennent de l’obtenir et vont avoir en plus une augmentation de salaire de 100€. Et nous les ATSEM, les grandes et grands oublié de la Fonction Publique Territoriale.

De plus notre cdc n’est pas favorable à la Prime pouvoir d’achat. »

LA RECONNAISSANCE, TOUJOURS…

Témoignages d’ATSEM : la reconnaissance.

Depuis notre appel à témoignages de professionnelles ATSEM, nous avons reçu des contributions qui soulignent à la fois l’ambivalence de leur situation oscillant l’amour de leur métier et le manque de reconnaissance.

Nous choisissons de commencer aujourd’hui à relater et commenter les témoignages et restons ouverts aux remarques des professionnelles. Nous enrichirons les thématiques au fur et à mesure des contributions qui nous arriveront.

Nous commençons aujourd’hui par le MANQUE DE RECONNAISSANCE , réflexion récurrente des différentes prises de paroles.

C. nous dit :
Depuis 10 ans, je ne fais que des remplacements, je voudrais pouvoir me « caser » et passer à autre chose. Cette situation m’a posé de réels problèmes lorsque mes enfants sont rentrés à l’université, car je ne pouvais me porter garante sur les logements …

Aujourd’hui, j’ai la chance de faire un remplacement de longue durée qui va sûrement me porter jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours… Mais après ??? Voilà toute ma vie pro depuis 10 ans…Mais il est vrai que notre métier n’est absolument pas reconnu comme il faudrait et surtout accorder aux disponibilités beaucoup plus d’attention!! Car je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas.

Je ne sais pas si mon histoire vous intéressera , mais je me sens un peu soulagé de vous l’avoir raconté. »

On constate ici ce qu’on peut appeler la précarité de l’emploi d’ATSEM. Un emploi qui ne permet pas à C. de subvenir à ses besoins comme elle l’entend. Une précarité de statut avec une interrogation permanente sur l’avenir.

Ces pressions sont problématiques car une professionnelle a besoin d’un environnement sécure pour évoluer sereinement pour le bien être des enfants (et le sien).

Anna précise :
Cela fait 35 ans, que j’exerce le métier d’ATSEM, et je ne peux que constater que nos missions ont beaucoup évolué plus que notre salaire et nos conditions de travail.

On note aussi qu’il ne semble exister aucun accompagnement et que les professionnelles semblent « abandonnées « .

Anna ajoute :
le passage en catégorie B, nous permettrait de voir un avenir serein pour tout les ATSEM

La sécurisation de l’emploi passe forcément par la reconnaissance et la possibilité d’évolution.

Enfin, Aurélie dit :
Pour être honnête j’ai adoré mon métier mais depuis que les contractuels sont « en piste » j’ai plus l’impression d’assister à de la garderie qu’à l’école maternelle où on accède aux apprentissages demandés en maternelle.

Je ne pense pas continuer ma vie en tant qu’ATSEM , malheureusement dégoûtée par l’éducation nationale, le manque de reconnaissance et la pénibilité de notre job. 10h non stop sans pause café ça suffit !

On voit bien que si la situation ne s’améliore pas , si les conditions de travail n’évoluent pas , si la reconnaissance ne passe pas par un statut clair et un salaire digne, la profession risque de se paupériser comme beaucoup de professions dans le domaine du médico-social.

C’est pour cette raison que les ATSEM ont tout intérêt à se mobiliser. Mais elles ne doivent pas être les seules à le faire.

Les employeurs doivent se remettre en question et proposer des conditions de travail dignes, des formations tout au long des carrières et faire participer les ATSEM aux instances pédagogiques.

A moins bien sûr de vouloir anéantir le secteur.

Derniers responsables, ce sont les parents d’élèves qui auraient tout intérêt à se mobiliser pour leurs enfants, ceux des autres et ceux à venir en interpellant l’éducation nationale et les mairies, en s’organisant en forces de propositions et d’alertes. Ces actions sont simples à mener partout où il existe une école maternelle. Le combat est difficile mais le nombre pourrait faire la différence.

Les ATSEM sont importantes pour les premiers pas de nos enfants à l’école.

Soutenons-les !

ATSEM : Une reconnaissance à construire

Lors de l’élaboration du programme des dernières municipales, nous avions inscrit un item dans le pôle éducation concernant les ATSEM. Rien de bien révolutionnaire, juste 1 classe : une ATSEM.

Pour être complet cette question nous a taraudé et ce, pour différents motifs.

Le premier de part le métier que nous exerçons avec Karima , elle, éducatrice de jeunes enfants et moi, éducateur spécialisé. Vous l’aurez compris, nous connaissons donc les contours des métiers sous-évalués et sous payés que le secteur médico social « offre ».

Le second, c’est que nous n’avons pas oublié nos périodes où nous accompagnions nos propres enfants à la maternelle et combien la présence des ATSEM pouvait être rassurante.

Enfin, alors que nous nous présentions devant les électeurs, il nous semblait important de valoriser le poste d’ATSEM. Notre réflexion, au-delà du nombre, tourne aussi autour de la question de son attractivité et des possibilités que nous pouvions avoir d’œuvrer dans le sens de cette attractivité : formation, contrats intéressants dans leurs contenus professionnels et financiers …

Pour autant, nous observions aussi de nombreuses difficultés dans l’exercice de cette fonction et notre première approche, qui consistait à prendre attache auprès de l’ATSEM et de l’école c’est vite avérée infructueuse tellement les imbrications école/mairie peuvent être sources de conflits et fragilisent les marges de manœuvres des professionnels.

Aussi, nous avons décidé d’écrire des articles sur le sujet.

Bien nous en a pris, puisque le COLLECTIF INDÉPENDANT DES ATSEM DE FRANCE est entré en contact avec nous.

Notre objectif, sur la base de témoignages de professionnels, est à la fois simple et vaste à mettre en œuvre et comprend au moins deux volets que voici :

– Des témoignages sur le rôle assigné de l’ATSEM dans son environnement à travers une description des actions, des difficultés rencontrées mais aussi des succès, des relations avec la mairie ou avec la direction de l’école … (Ou d’autres approches car nous ne prétendons pas tout connaître).

Olivier THEROND
oliviertherond@outlook.com